chapitres 3
L’histoire du bison
Autrefois, les bisons se déplaçaient librement dans les prairies de l’Ouest. Les créatures à deux pattes sont arrivées pour les chasser plus efficacement jusqu’à ce que la prairie leur soit enlevée par le chemin de fer et les fusils. Aujourd’hui, ils vivent dans des fermes en attendant la possibilité de s’échapper!
L’histoire du bison est trouver à l’est, à côté du fort Gibraltar. Si vous partez par la porte d’entrée du fort (avec votre dos aux portes), dirigez-vous vers la gauche, mais ne tournez pas par le coin du fort. Dirigez votre appareil vers le champ ouvert.
Les prairies ont soutenu de riches écosystèmes diversifiés pendant des milliers d’années. Caractérisées par des herbes hautes, des groupes d’arbustes et de fleurs sauvages éclatantes de couleur jaune et orange, les plaines nordiques accueillaient une diversité d’animaux et de collectivités humaines. Le principal habitant des lieux était le bison d’Amérique, aussi connu sous le nom de « buffalo » par les premiers explorateurs européens qui les observèrent et les communautés autochtones d’aujourd’hui. Avant la réintroduction des chevaux par les Espagnols, les bisons étaient chassés par les Autochtones des plaines en utilisant des chiens de chasse pour rassembler les bisons et les diriger vers des falaises appelées précipices à bisons. Toutefois, après la réintroduction des chevaux, les collectivités agricoles ont adopté une stratégie saisonnière hybride en profitant de la mentalité de troupeau de leurs montures pour chasser le bison à cheval en utilisant des arcs, des flèches, des lances et finalement des armes à feu.
Le bison fournissait presque tout ce dont avait besoin une communauté autochtone. Les peaux étaient tannées à la cervelle pour les vêtements, les costumes et les tipis. Les os pouvaient être évidés et transformés en outils tels que des fléchettes, des grattoirs et des outils agricoles tels que des houes. Plus important encore pour le commerce des fourrures, la chair et la graisse des bisons servaient à préparer du pemmican. Nous y reviendrons. Presque toutes les communautés autochtones des plaines, comme la confédération des Pieds-Noirs, les Mandan, les Nehiyâw (Cris des plaines) et l’Oceti Sakowin (connus aussi sous le nom de Grande Nation Sioux, composée des Dakota, des Lakota et des Nacoda) tenaient le bison en haute estime pour sa capacité de soutenir la vie. Les bisons ont été chassés en très grand nombre et honorés dans des cérémonies telles que la danse du soleil. Au moment où d’autres nations autochtones comme les Anishinaabe sont arrivées dans les plaines à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, elles ont aussi gravité autour de la chasse au bison et participé à la production de pemmican.
« Pimikân », un mot cri qui signifie « fait de la graisse », décrivait non seulement un aliment, mais aussi le processus de préparation de celui-ci. Bien que le pemmican puisse être préparé en utilisant toute combinaison de protéine animale et de graisse, dans le contexte du commerce des fourrures dans les prairies, il était préparé principalement avec la chair et la graisse de bison.
Bien que les Premières Nations aient chassé le bison pour nourrir et habiller leurs familles et ajouter à leur commerce avec d’autres nations, la chasse au bison emblématique des Métis a porté ce mode de vie à un autre niveau. En utilisant des tactiques de genre militaire et une hiérarchie stricte fondée sur l’expérience, ces derniers se déplaçaient à cheval au milieu des troupeaux de bisons et tuaient des centaines d’animaux en une seule fois. Selon Peter Erasmus, auteur et observateur métis, les chasseurs sciaient parfois le canon de leurs mousquets, crachaient une balle dans le canon du fusil et tiraient sur les animaux qui avaient les plus grosses bosses en sachant qu’ils donneraient le plus de pemmican, tout en suivant à cheval l’allure des bisons. Erasmus a également observé que certaines Métisses participaient à la chasse et étaient des bonnes tireuses. Les chasses avaient lieu généralement au printemps et à l’automne et visaient à approvisionner les entreprises de traite des fourrures, et même plus tard le gouvernement colonial britannique, en aliments en conserve pour leurs employés et leurs soldats.
Après la chasse, les animaux étaient dépecés et la chair était découpée en minces lanières et séchée sur un feu ou sous le soleil. La graisse collectée autour des organes et dans les longs os était fondue et liquéfiée. Une fois la viande séchée, elle était broyée jusqu’à la consistance du bran de scie, puis mélangée avec la graisse. Le produit final était ensuite entreposé dans des sacs en peau qui pesaient environ 60 livres chacun. La proportion de viande par rapport à la graisse était de 60 % à 40 %. Il arrivait parfois que les Premières Nations et les Métis ne préparent pas le pemmican, mais qu’ils vendent les ingrédients à la Compagnie du Nord-Ouest (CNO). Cette dernière demandait ensuite à ses employés de préparer le pemmican eux-mêmes. On appelait parfois le produit final du « pemmican grossier ». Le pemmican préparé par et pour les Premières Nations avait tendance à être de qualité supérieure et il contenait parfois des baies séchées, de la moelle, du sang et d’autres ingrédients qui en amélioraient le goût. On appelait parfois le produit final du « pemmican fin ». On consommait l’aliment tel quel ou on l’utilisait comme base pour un ragout (appelé « rubbaboo »), une soupe et du pain.
Le commerce du pemmican a permis aux entreprises de traite des fourrures de surnager, mais il a été accompagné de conflits et de violence. En 1812, Lord Selkirk, un philanthrope écossais et actionnaire de la Compagnie de la baie d’Hudson (CBH), bénéficia d’une subvention pour l’achat d’un terrain autour de La Fourche afin de relocaliser des colons écossais et irlandais dépossédés. Il ne comprit pas entièrement les incidences de l’Influx de colons sur la collectivité existante centrée sur le commerce des fourrures et composée de citoyens (engagés à la retraite), de Métis et de membres des Premières Nations, en particulier des Anishinaabe. Bien qu’elle ait offert initialement un soutien aux colons dans le besoin, la CNO se fatigua de leur présence et de leur ponction sur les ressources de la colonie de la rivière Rouge. La CNO a été particulièrement furieuse lorsque Miles MacDonell de la CBH adopta la « Proclamation sur le pemmican » en 1814, qui interdisait l’exportation de marchandises de la colonie et la chasse au bison à cheval. La CNO et les Métis, ses alliés sur le sol, ignorèrent complètement la proclamation et refusèrent de reconnaître l’autorité de la charte de la CBH. Ils poursuivirent leurs activités et cela mena à des conflits au cours desquels des entrepôts de pemmican des forts ont été vidés, des cultures ont été détruites et des maisons ont été incendiées. Après que le conflit a culminé lors de la bataille de la Grenouillère en 1816, la colonie initiale a été dissoute et Lord Selkirk se rendit lui-même à la rivière Rouge pour négocier le « traité sur le tabac » avec le chef Peguis et plusieurs autres chefs autochtones en 1817. Le traité assurait que les Autochtones possédaient le titre des terres où les nouveaux colons pouvaient construire leurs maisons et pour les Anishinaabe, il signifiait le maintien de relations fructueuses avec des alliés militaires potentiels. Malgré la fusion de la CNO et de la CBH en 1821, les Métis et des Premières Nations comme les Nehiyâw et les Anishinaabe étaient en mesure d’exercer un pouvoir économique incroyable en maintenant leurs chasses au bison semestrielles et en transformant des centaines d’animaux en milliers de livres de pemmican.
Venez ici, mes petits bisons ! Venez écouter l’histoire de Mémère Bison. C’est pas juste une histoire ; c’est notre histoire. L’histoire des bisons. |
Il y a longtemps, longtemps, les champs étaient pleins de bisons. Des milliers, même des millions de bisons ! |
Des fois, on venait nous chasser avec des bâtons pi des roches pointues. Ils chassent pour vivre, les deux pattes. Mais ils sont respectueux. |
Ils disent merci. Pi y nous apprécient. Si c’était pas eux autres, ce serait les loups et les ours, vous savez. |
Mais les loups y ont pas de fusils…les fusils ont rendu la chasse un peu trop facile. |
Pis là, c’est pas juste pour vivre, c’est pour faire de l’argent. Ils nous vendent comme du pemmican ! |
[ On entend le son d’un train ] Oh, entendez-vous ça ? C’est le train. Et pi, la voie ferrée, c’est le début de la fin pour les bisons. |
Aie, j’ai pas dit que c’était une belle histoire ! Mais c’est notre histoire. C’est un monstre ces machines qu’on appelle des « trains ». |
Les êtres à deux pattes crient : Get off the track ! Pourquoi faire ? C’est la prairie. C’est notre prairie. Mais, y’en a de plus en plus d’eux autres à deux pattes. |
Pis astheure, ils peuvent s’asseoir confortablement dans leur train et nous tirer avec leur fusil ! Pire que ça, y’ont du fun à faire ça ! |
J’achève presque mon histoire. L’agriculture ! Avec l’aide des chevaux, les deux-pattes ont labouré les champs pi y’on détruit l’herbe naturelle qu’on mangeait. |
Répondez-moi ça : Si tous les bisons ont disparu, comment est-ce que moi, |
vous les petits, vos papas pis vos mamans, on existe aujourd’hui ? |
Ben, on vit sur une ferme maintenant. J’sais, c’est pas la liberté comme dans le temps, mais on a de quoi à manger pi à boire… |
Pi, à toutes les fois qu’on a la chance, on casse les clôtures ! ( son de sabots de bisons qui courent ) |
V’ni isitte, mi pchi boflô! V’ni ikouti l’istwerre di memérre Boflô. |
Spâ yeink ein istwerre; si notte istwerre, l’istwerre di boflô. |
Y lâ bein, bein lontan, li shan l’ita plein di boflô. Di milyé pi di milyé pi mêm di milyon di boflô! Di fwè, sa v’na nô shassi avek di bâton pi di rosh pweinchu. |
Li deu pat y shass pour vive. Pi y l’ava dju respa. Y djize marsi. Pi y nô z’emme. |
Si sta pâ d’izôt, sa s’ra li lou, tsé. Mé, li lou pi li z’ours l’on pâ d’fizi… li fizi la randju la shass ein pchi brein trô fasil. |
Pi lâ, spâ jusse pour viv, s’pour ferre d’l’arjan. Sa nô van kom dju pemmikan! |
Ohh, sa l’antan tchu sâ? Si l’trein. Ipi, la trak, si la fein dju boflô ke komans. |
Eille, jâ pâ dji ke sta enne belle istwerre! Mé, si notte istwerre. Si mashinne-lâ ksa l’appel di « trein », l’ita di monstre. |
Liz’êt a deu-pattes y djize : « Ôti-vô d’la trak! » Pourkwè? Si notte préri. Mé, y n’â bein pluss d’izôt a deu patte. |
Pi asteur, sa peu s’assir bein konfortab dan leu trein pi chirri su nouzôt avek leu fizi. Pi l’pire, si k’y’onva dju fonne a ferre sâ. |
Ja kizman fini mon istwerre. L’agrikulchur! Li deu-patte l’onva labouri leu shan avek l’éde di sh’fal pi sa lâ ditrwi l’erb nachurel ke nouzôt sa manja. |
Wè. Si trisse. |
(A ri) Sa lâ pâ r’marki! Danni mwé enne ripons a sâ : Si toutte li boflô lâ djisparu, koman sa s’fa ke mwé, vouzôt li pchi, |
vô papa pi vô Mâman sa ixiste ankorre ojordjwi? Bein asteur, sa vi su enne farme. Shé, spâ êt libe kom avan mé, sa lâ kechôze a manji pi a bwerre… |
Pi, shak fwè ksa peu, sa kâsse la klôchur. |