chapitres 4

Festival du Voyageur — Une histoire d’amour avec soupe aux pois

C’est le centenaire du Manitoba et le lancement de la nouvelle fête d’hiver – le Festival du Voyageur.
On s’est fait recruter, les étudiants du Collège de Saint-Boniface, pour construire un immense palais de glace au parc Provencher.
À soir, je sers de la soupe aux pois et puis de la tourtière dans un petit kiosque.
Mes doigts sont brulés pi mes pieds sont gelés!
Mais, ma meilleure amie du Collège a dit : Arrête de chialer! Fais une p’tite gigue pour te réchauffer.
Tout à coup, j’sens une main qui m’accroche le bras pi qui me tire vers un stand où les musiciens s’installent.
J’ai trouvé votre gigueuse, annonce le gars à la grosse barbe qui m’a trainée jusqu’ici. Elle est remplie de joie de vivre, celle-ci !
Tout le monde m’applaudit pour mon courage. J’vois le rire dans les yeux pétillants du barbu. Ah non, mon jeune barbu!
Si tu penses que tu vas rester debout là… je gigue, toi aussi tu vas danser!
J’lui tiens la main si serrée que nos pas tombent au même rythme.
Suite à notre démonstration essoufflante, le violon joue la nouvelle chanson du Festival
(chanté) Voyageur vas faire tes bagages, c’est à l’aube que nous partirons! (applaudissements de la foule)
Je retourne à servir ma soupe et mes tourtières.
« C’est à peu près temps qu’ils organisent un festival pour fêter en français. »
Il m’achète un verre de caribou pi on trinque au son du violon : « À notre festival ! ».
Si l’santnerre dju Manitoba pi l’komansman dju Feschiival dju Wéyajeur, la novel fêt diverre.
Li z‘ichudjyan dju Kâléj Saint-Boniface lon iti d’mandi d’bâchirre ein gro palla di glass dan l’Park Prâvanshi.
Aswerre, ma sarvir d’la soupe ô pwâ pi d’la tourkyerre dan enne pchitte bouchik.
Mi dwè sonta bruli pi mi pyé sonta jli!
Mon ami, a m’dji:
Arrêt di shyâli! Fa enne pchitte jig pour ti rishoffi.
D’ein kou, j’file enne mein ke m’pâgne li brâ, pi ke m’chirre a enne estrad divou kli musichyein y s’einstalé.
Ein gâ avek enne grosse barbe, y m’trenne juskisitte, pi y dji : « Ja trouvi votte jigeuze. A lâ bein d’la vi selsitte ! »
Kan sh’t’arrivi su l’estrad, toulmond klaka di mein paske sh’ta kourajeuze.
J’vwè l’rire dju barbu dan sé zyeu ke péchéye.
« Ah non, mon jenne barbu ! Si tchu pans ke chu vâ resti diboutte-lâ… J’jig, saffek twé itou, tchu vâ dansi ! »
Apra notte spektak a koupi l’souf, l’vyâlon y jou la novel shanson dju Feschival :
Voyageur, va faire tes bagages, c’est à l’aube que nous partirons.
J’r’tourne sarvir ma soupe pi mi tourkyerre.
Y m’dji : « Sta bein l’tan d’ârganizi ein feschival pour féti an fransa. » Mwé itou.
Y mashette ein verre di karibou pi, ô son dju vyâlon, on treink : « A notte feschival! »