chapitres 6
Une histoire vécue sous le double signe de la fierté et de l’humilité
Ici, nous examinons les deux drapeaux de l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba. Dès sa fondation, l’organisme a répondu au besoin d’affirmer la présence des Métis francophones. Écoutez la musique du violon d’Alexandre Tétrault et lisez leur histoire.
En passant par le portail du Musée de Saint-Boniface, tournez à gauche et placez-vous face à la Statue de Louis Riel. La statue est située au côté nord de la cour avant.
Article sur les événements qui marquent la création et la continuation de l’Union nationale métisse de Saint-Joseph du Manitoba, créée par Bernard Bocquel, ainsi que des photos historiques de la famille et des amis de Louis Riel. La section doit être traduite et révisée par Janet.
Un bref survol de l’histoire de l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba
Une histoire vécue sous le double signe de la fierté et de l’humilité
Évoquer en quelques minutes les 135 ans de l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba, c’est possible. Mais juste en acceptant de mettre en valeur les contributions de certaines personnalités à des moments charnière de l’histoire si riche en évènements de notre association.
Dès sa fondation, l’Union nationale répondait au besoin d’affirmation des Métis canadiens-français. Eux dont la contribution pour fonder la province du Manitoba avait été déterminante en 1870. À ce temps-là, la manière de montrer sa force sociale et préserver son influence c’était en établissant une organisation.
À cette époque-là, il faut savoir que le rôle de l’Église catholique était très important. Mgr Taché, l’archevêque de Saint-Boniface, était très respecté. Lui voulait que les Métis adoptent comme saint patron le saint patron des Canadiens français. Mais les Métis ne s’identifiaient pas à saint Jean-Baptiste. Ils voulaient se mettre sous la protection de saint Joseph.
Leur désir a été entendu en 1884, au moment des troubles dans le Nord-Ouest. Les Métis ont obtenu le droit de célébrer sous le patronage de saint Joseph.
Après le traumatisme de la pendaison de Louis Riel le 16 novembre 1885, l’élite métisse au Manitoba était bien décidée à garder vivante la mémoire calomniée du chef.
C’est pourquoi dès l’été de 1887, au moment de l’année où se tenaient les grands pique-niques, un groupe de fidèles à Riel a fondé une association métisse, bien sûr placée sous le patronage de saint Joseph.
Pendant la vingtaine d’années qui a suivi, des personnalités comme Simon St-Germain et Martin Jérôme ont veillé à assurer un certain poids politique aux Métis. Ils ont pu le faire en s’appuyant sur l’Union métisse Saint-Joseph.
À la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, le grand évènement social annuel des Métis, le pique-nique, est une fête autant patriotique que religieuse. Il s’agit de célébrer qui on est comme métis. Ce rituel d’affirmation prend une tournure concrète en 1906, lorsque l’Union érige un monument à Saint-Norbert à l’endroit précis où les résistants de 1869 avaient dressé une barrière pour empêcher l’entrée des représentants du Canada à la Colonie de la Rivière-Rouge.
Mais cette grande première, ce premier geste public fort associé à Louis Riel, est juste considéré comme un premier pas. Les Métis engagés en politique veulent mieux s’organiser. Il veulent que les Métis soient plus présents dans la société manitobaine.
Le grand moment se produit en 1910, lorsque Roger Goulet, un éducateur hautement respecté, prend la tête de l’Union métisse Saint-Joseph. Le fils du martyr Elzéar Goulet est autant respecté dans le milieu des Métis anglophones que dans le milieu des Canadiens français. Roger Goulet et ses supporteurs se donnent comme ambition de soutenir leurs frères et sœurs métis partout dans la province.
C’est à cause de ce louable but que l’adjectif NATIONAL est ajouté. Dorénavant, on parlera de l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba.
Malheureusement, les bonnes volontés ne suffisent pas à faire une différence à un temps où l’économie est en crise et où l’argent manque. Un malheur supplémentaire vient ruiner tous les espoirs pour lancer une nouvelle dynamique nationale : la guerre mondiale est déclenchée en 1914. À la fin de la guerre, l’objectif est limité à faire survivre l’organisation. Le défi est de taille, car les fondateurs sont maintenant âgés. Il faut absolument une relève.
Et là on veut croire que les prières à saint Joseph des anciennes et des anciennes sont entendues : le jeune professionnel Samuel Nault accepte de relever le défi. Tout au long des années 1920 et 1930, des années économiquement très difficiles, il va se dévouer corps et âme à l’Union nationale.
Non seulement la grande fête annuelle du pique-nique est maintenue, mais grâce à Samuel Nault un projet extraordinaire finit par voir le jour en 1936. Il s’agit de la publication de l’Histoire de la Nation métisse.
Une fois de plus, les Fidèles à Riel voulaient montrer que l’histoire officielle racontée dans les manuels scolaires n’était que de la propagande gouvernementale, un tissu de mensonges qui ne correspondait pas à la réalité.
L’effort de longue haleine pour réhabiliter la mémoire de Louis Riel a de nouveau été mis en suspens à cause de la Seconde Guerre mondiale, qui a commencé en 1939. À la fin de la guerre en 1945, l’Union nationale doit à nouveau faire face à un grave problème de leadership, car Samuel Nault était décédé accidentellement. Et les anciens, comme Roger Goulet, Guillaume Charette ou Camille Teillet étaient bien trop âgés pour relancer l’organisation.
Heureusement, grâce à l’aide du prêtre et historien Antoine d’Eschambault, l’Union nationale métisse reprend vie en 1951. Le curé de Saint-Émile fait appel aux familles qui fréquentent sa paroisse pour donner du leadership. Il faut à ce stade de la déjà longue histoire de l’Union saluer l’engagement de la famille Bruce, tout spécialement Azarie Bruce et son plus jeune frère Jos Bruce.
Aussi dans les années 1950 et 1960, les femmes prennent peu à peu un rôle public plus actif, comme Yolande Schick, la fille de Camille Teillet. Une autre fille d’anciens, Ida Carrière née St-Germain, a elle joué pendant bien des décennies un rôle de pilier, mais dans les coulisses. Dans les années 1960, le monde change. La vieille tradition des pique-niques ne résiste pas à la modernité.
Mais l’Union garde toute sa raison d’être. Lorsque Jean Allard prend la présidence en 1965, c’est avec un objectif précis en tête : il veut obtenir une reconnaissance officielle de Louis Riel comme père du Manitoba au centenaire la province en 1970. Il a atteint son but en 1971, lorsque la statue si controversée de Marcien Lemay a été érigée sur le terrain du Palais législatif. Elle se trouve maintenant sur le campus de l’Université de Saint-Boniface.
La Gigue de la rivière Rouge par Alexandre Tétrault (Production TiBert et Douzie)